mardi 1 septembre 2015

Le "MODERNISME" en Art et en Architecture, par Clément GOYENECHE, 1925

Au cours de la période 1920 à 1939 l’action pédagogique de Clément Goyeneche à l’Ecole des Arts Décoratifs de Nice et son exercice professionnel sont intimement liés aux deux grands événements qui vont populariser ce qu’on nommera par la suite le style « Art Déco » mais que l’on appelait à ce moment-là l’« Art moderne » ou « Art actuel » : les expositions internationales de Paris de 1925 et de 1937 auxquelles l’école va participer activement dans le cadre des Pavillons de la Côte d’Azur. 
Clément GOYENECHE, Président de la Commission de Consultation Esthétique de Nice pour l’Exposition Internationale de 1925, en expose les grandes orientations dans un rapport introductif : 
« Le modernisme est une conception qui repose sur le rapport équilibré entre les lois esthétiques permanentes et l’expression particulière correspondant aux besoins communs et à la sensibilité ambiante d’une époque. Ces besoins et cette sensibilité sont en état constant d’évolution. Une forme d’Art est belle pour toujours et entre dans le vaste domaine du classicisme dés qu’ elle nait directement de la vie exercée à un certain moment et qu’elle satisfait à la fois à la mise en œuvre la plus logique des matières et aux principes directeurs de la pensée humaine. Elle réalise l’unité par l’équilibre des contrastes, l’expression vivante par l’affirmation d’une dominante.(..) Constante matérielle : Technique propre à chaque matière, la plus directe et la plus simple possible. Appropriation à la fonction : la fonction détermine l’aspect.(..) Constante esthétique : Le décor n’est pas toujours nécessaire : il n’est en situation que pour des raisons de souplesse et de stricte variété. Le plus souvent, la structure architecturale se suffit à elle-même. Quand il y a décor : correspondance du décor avec la forme structurale, la destination, la fonction, la situation. Accuser et ne jamais dissimuler la structure architecturale. Mettre en évidence la forme des solides géométriques élémentaires (sphère, cylindre..) entrant dans la structure architecturale. Accuser la fonction par la mise en évidence des éléments de nécessité pratique. (..) 
L’art actuel s’appuie sur les principes qui viennent d’être énoncés. Il tend au classicisme pur, qui est une expression essentielle de la vie, qui admet toute la fantaisie poétique, au demeurant fortement attaché au contrôle de la raison. Il répudie toute formule académique. (..) L’art actuel recherche la franchise et la fraicheur dans la forme, dans l’effet du contraste lumineux, dans l’harmonie colorée. Il s’attache à ne retenir que les éléments essentiels de l’expression, à généraliser ces éléments jusqu’à l’abstraction. (..) Il considère comme nuisible tout ce qui est inutile. Il rejette tout pastiche des formes d’art révolues, comme ne correspondant plus à la vie actuelle. Il respecte et utilise toute technique traditionnelle et logique. Il satisfait à des besoins nouveaux à l’aide de matériaux nouveaux et de leurs techniques correspondantes, sans entrer dans le moule de formes connues. Désireux d’éviter l’art anonyme, il tend à marquer les caractères de vie propre à chaque région et aussi les sensibilités individuelles (situation géographique, climat, habitudes, tempérament). En résumé, l’art actuel est fondé sur l’ « Utile supérieur » et s’oppose à l’ « Art pour l’Art ».

©Bruno GOYENECHE
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